VIGILANCE - HUILE DE PALME !

Produite à grande échelle, l’huile de palme n’a pas le vent en poupe et déchaîne les passions pour des questions à la fois de santé, sociétales et environnementales.

Qu’est-ce que l’huile de palme ?

C’est une huile végétale extraite à chaud de la pulpe d’un fruit du palmier à huile, originaire de l’Afrique de l’Ouest. Le fruit est une drupe de couleur jaune orangé groupé en régime qui peut contenir jusqu’à 1500 drupes. Aujourd’hui, près de 85% de la production mondiale d’huile de palme provient des plantations indonésiennes et malaisiennes.

J’ai vécu et travaillé de nombreuses années dans des pays de l’Afrique de l’Ouest et j’en ai consommé dans des préparations locales très goûteuses comme l’excellent « Poulet au Niemboué » gabonais. Consommée occasionnellement, l’huile de palme ne pose pas de problème. Actuellement, elle suscite énormément de polémiques pour de multiples raisons. 

1/ Elle est partout

Sa production est moins coûteuse que ses concurrentes : graisses animales (saindoux, beurre…) ou végétales (colza, tournesol…) car elle a un bien meilleur rendement. L’arbre fabrique des fruits toute l’année et ces derniers contiennent 50% d’huile. Un palmier peut produire 40 kg d’huile par an pendant 30 ans. Ainsi pour produire la même quantité, le palmier monopolise huit fois moins de terre. Il produit 4 tonnes d’huile à l’hectare contre 0.6 tonne pour le colza et 0.5 pour le soja. On imagine facilement l’intérêt pour l’industrie agro-alimentaire à la recherche de profits.

Elle est utilisée dans tous les secteurs : alimentaire 80%, cosmétique (savon, crèmes hydratantes…) 19%, énergétique 1%. Elle est la plus consommée au monde. On la retrouve dans tous les aliments transformés qui s’alignent sur les linéaires des super marchés : soupes, chips, pâtes à tartiner, biscuits, laitage, lait pour bébé, sardines en boîte, mayonnaise, sauces toutes prêtes, céréales, chocolat, fromage râpé, pâtes à tarte toutes prêtes, plats cuisinés etc… La consommation par habitant aurait atteint 5.5 g par jour soit 2 kg par an. Celle-ci serait descendue à 2.8 g par jour selon une récente étude du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Les adolescents en ingurgiteraient 3 à 4 fois plus que les adultes. Si l'on ajoute les autres graisses, les sucres, les édulcorants et autres produits issus de la chimie, le cocktail devient atomique et nos responsables s'étonnent de la  progression permanente du diabète. Quelle mauvaise foi !

2/ Mauvaise pour la santé

Même si, consommée occasionnellement, elle n’est pas à bannir totalement, son utilisation industrielle à grande échelle, visant principalement à faire baisser les coûts de production, elle peut se révéler dommageable pour la santé.

Au raffinage, elle perd l’essentiel de ses vitamines et surtout, elle contient 50% d’acides gras saturés (seulement 15% pour l’huile d’olive) qui consommés en grandes quantités augmentent les risques de maladies cardio-vasculaires, d’obésité, de mauvais cholestérol…dans une alimentation occidentale déjà très riche en matières graisses et en sucres.

Déforestation en Indonésie image geo

3/ Dangereuse pour l’environnement

Des centaines de milliers d’hectares de forêts primaires disparaissent dans les principales régions productrices en Asie du sud-est (Indonésie, Bornéo, Malaisie), en Afrique (Cameroun, République du Congo…), en Amérique latine (Colombie, Brésil..) au profit de la culture du palmier à huile avec comme conséquences la pollution des eaux, la destruction des sols, de l’habitat et des ressources de nombreuses espèces.

6 millions d’hectares de forêts auraient été détruits et brûlés de 2011 à 2013 soit la surface de l’Irlande. L’orang-outan, espèce symbolique de Sumatra et Bornéo est menacé d’extinction. On estime que chaque année 1000 orangs-outans en moyenne disparaissent.

4/ Vigilance à la lecture des étiquettes

A ce stade, il est difficile de penser que l’huile de palme disparaisse de nos produits. Néanmoins le consommateur a le choix de se tourner vers des produits à base d’huile de colza, de tournesol ou d’olive… il est donc important de rester vigilant sur la composition des produits et la lecture des étiquettes.

Certains fabricants affichent clairement « huile de palme » sur la liste des ingrédients. D’autres, plus cyniques, préfèrent rester dans le flou avec plus de 200 appellations différentes dont les plus courantes sont : « Huile Végétale », « MGV » (Matières Grasses Végétales), « huile végétale hydrogénée », « acide palmique »…

On nous parle d’huile de palme « durable » ?

En 2004 est né le RSPO (Rountable on Sustainable Palm Oil) une sorte de table ronde qui associe producteurs, distributeurs, commerçants, investisseurs, ONG en charge d’élaborer des normes mondiales pour la production d’une huile de palme « durable ». En gros, il s’agit d’un programme de certification qui propose aux entreprises de verser une somme d’argent en contrepartie de chaque tonne d’huile de palme produite, afin de lutter contre la déforestation.

D’autres industriels ont fait le choix de rejoindre l’Alliance française pour une huile de palme durable en favorisant l’achat d’huile exploitée par des petits producteurs locaux qui possèdent des parcelles plus petites et moins traitées. Lorsque l’on sait que ces petits producteurs, abusivement exploités qui travaillent dans des conditions pénibles voire périlleuses vivent dans une misère extrême, on peut être amené à se poser des questions sur la sincérité d’une telle démarche.

Enfin quand une ancienne responsable industrielle devenue ministre préconise l’utilisation d’huile de palme dans les laitages et produits pour bébés, les bras m’en tombent.

Si cette huile est produite, c’est parce qu’elle est rentable et pratique à utiliser pour les industriels. Les experts prévoient que la production devrait doubler entre 2010 et 2020.

Alors, en faisant vos courses, passez un peu plus de temps pour décrypter ces supercheries !

Amitiés à toutes et tous !

Yves